La Dre Houda Bahig est parfaitement consciente de la nécessité de trouver de meilleurs moyens de personnaliser les traitements destinés aux patients souffrant d’un cancer de la tête ou du cou. En tant que radio-oncologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, elle traite chaque jour des patients atteints de tels cancers et sait que les méthodes de personnalisation des traitements sont, dans le meilleur des cas, rudimentaires, et qu’il faut en faire plus si l’on veut améliorer les résultats qu’obtiennent ses patients ainsi que leur qualité de vie.
« À l’heure actuelle, le niveau de personnalisation qui existe consiste à examiner le type de tumeur, l’endroit où elle se trouve et le stade du cancer pour déterminer qui doit subir une chirurgie, recevoir de la radiothérapie et/ou obtenir le traitement systémique », fait-elle savoir. « Mais à part cela, tous les patients reçoivent à peu près la même dose de rayonnement et de chimiothérapie. »
Étant donné que ces tumeurs se forment dans des parties du corps que nous utilisons pour respirer et pour parler, les effets secondaires des traitements peuvent être très difficiles et nuire grandement à la qualité de vie du patient. Par ailleurs, alors que les traitements actuels contribuent effectivement à guérir certaines personnes, ce ne sont pas tous les patients qui y répondent favorablement.
« Nous nous retrouvons donc parfois à surtraiter certains patients et à en sous-traiter d’autres, mais il n’y a aucun moyen de le savoir à l’avance », affirme la Dre Bahig.
Dans un tel contexte, il est primordial de savoir qui répondra à quels traitements et d’adapter les thérapies en vue d’améliorer la qualité de vie et le taux de survie des patients. Voilà pourquoi la Dre Bahig misera sur une nouvelle Bourse Marathon de l’espoir pour chercheurs cliniciens pour diriger une équipe multidisciplinaire de scientifiques qui se servira de l’intelligence artificielle afin d’analyser les mégadonnées recueillies auprès de patients souffrant de tels cancers. L’objectif de l’équipe sera de créer un outil qui permettra d’orienter les décisions relatives aux traitements qui sont personnalisées, accélérant par le fait même la médecine de précision pour ces patients.
« Présentement, nous disposons d’un énorme volume de données provenant de nos patients; nous possédons les outils nécessaires pour analyser ces données selon de nouvelles façons prometteuses, ce qui nous permettra de prédire la réponse au traitement », précise la Dre Bahig. « Ce projet rassemblera ces outils dans le but d’améliorer la vie des personnes atteintes d’un cancer. »
Pour y parvenir, la Dre Bahig et son équipe créeront une ressource, la première en son genre, qui combinera les données d’image, les données génomiques et transcriptomiques, les données cliniques et les données pathomiques (caractéristiques obtenues lors de la coupe même de la tumeur) de patients traités pour un cancer de la tête ou du cou. La Dre Bahig travaillera ensuite avec des spécialistes de l’intelligence artificielle qui seront intégrés à son équipe de recherche dans le but d’analyser les données (et qui font également partie de la « Gold Cohort » du MOHCCN) pour déterminer s’il existe des biomarqueurs qui pourraient être utilisés pour prévoir la réponse au traitement.
D’ici la fin du projet, l’équipe de la Dre Bahig espère avoir en sa possession un outil suffisamment solide pour pouvoir le faire valider dans le cadre d’essais cliniques multicentriques, et ainsi se rapprocher autant que possible des patients.
« Le financement obtenu du Réseau des centres d’oncologie du Marathon de l’espoir nous permettra non seulement de créer cet outil en facilitant le séquençage et la collecte de données, mais nous aidera aussi à trouver des partenaires pour le faire valider », fait-elle savoir.
La bourse de 225 000 $ sera versée sur trois ans; un montant équivalent sera accordé par le Centre hospitalier de l'Université de Montréal, ce qui donnera une somme totale de 450 000 $.